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Pour mieux comprendre
les Écoles de la Société Civile
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En matière d'éducation à la liberté et à l'autonomie des enfants, les Écoles de la Société Civile ne font-elles pas double emploi par rapport aux écoles gérées par l'État, puisque ces dernières poursuivent les mêmes objectifs ?Question complète : Si les écoles d'État ont déjà pour objectif de rendre les enfants autonomes et de les éduquer à la liberté, pourquoi faudrait-il permettre la liberté éducative des Écoles de la Société Civile, gérées par les enseignants et les parents ? Est-ce vraiment nécessaire, ou est-ce que cela ne fait que répéter ce que l'école d'État propose déjà ? L'école d'État n'est-elle pas suffisante, surtout que ces objectifs sont souvent mis en avant par les partisans de la laïcité ? Voici plusieurs raisons qui nous font choisir la liberté éducative des Écoles de la Société Civile, gérées par les enseignants et les parents, même si les écoles d'État pensent pouvoir atteindre des objectifs similaires d'autonomie et de liberté (le fait d'afficher des objectifs, est-il d'ailleurs une indication que ceux-ci sont atteints ?): Diversité pédagogique : Les Écoles de la Société Civile permettent l’émergence de méthodes pédagogiques innovantes et diversifiées qui répondent à différents besoins des enfants. Certaines approches différentes sont exceptionnellement tolérées dans les écoles d'État. Elles offrent pourtant des alternatives enrichissantes pour les familles qui recherchent des styles d’enseignement spécifiques adaptés à leurs valeurs et aux besoins de leurs enfants. Personnalisation de l'éducation : La liberté éducative permet de mieux adapter l'enseignement aux profils des élèves. Dans une école de la société civile, les enseignants et les parents ont souvent plus de flexibilité pour personnaliser les programmes, encourager le développement de talents particuliers, et offrir des approches pédagogiques adaptées aux rythmes et intérêts des enfants. La variété et la différenciation ne peuvent pas nuire aux écoles d’État, où les programmes sont souvent plus standardisés. Partenariat parents-enseignants : Les écoles gérées par la société civile permettent une implication directe des parents dans la gestion et les décisions éducatives. Cela renforce le lien entre la famille et l'école, ce qui peut avoir un impact positif sur l'engagement des parents et sur la réussite des enfants. Les parents et enseignants travaillant ensemble favorisent une approche collaborative de l'éducation, où la communauté scolaire est plus proche et plus soudée. Une organisation éducative sans pouvoir central : La liberté éducative offre une alternative à la centralisation des décisions éducatives par l’État. En autorisant des écoles indépendantes, on permet aux citoyens de participer activement à la création d'environnements scolaires adaptés à leurs contextes locaux et culturels. Cela renforce la diversité des idées et des pratiques éducatives au sein de la société. L'apprentissage à l'autonomie de gestion de l'école, en particulier par les enseignants, ne peut se faire tant qu'il existe une tutelle. La suppression de cette tutelle au sein des Écoles de la Société Civile, au contraire, offre la possibilité aux parents et aux enseignants de développer des compétences en matière d'organisation et de gestion autonomes. Droit à la pluralité des choix : Chaque parent et enfant est unique, et la liberté éducative permet de garantir un choix diversifié dans les systèmes d'éducation. Certains parents peuvent vouloir des écoles avec des valeurs particulières, des philosophies éducatives spécifiques ou des environnements qui ne sont pas disponibles dans les écoles d'État. Cela permet aux familles de choisir une éducation qui correspond à leurs attentes, croyances et objectifs pour leurs enfants, dans le respect de la Charte des écoles de la société civile (et de la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948): «Les parents ont par priorité le droit de choisir le type d'éducation donné à leurs enfants.» Article 26, alinéa 3) Innovation et expérimentation : Les Écoles de la Société Civile sont souvent des laboratoires d'innovation pédagogique. En étant plus flexibles et moins administrativement réglementées que les écoles d'État, elles peuvent expérimenter des méthodes éducatives nouvelles, qui, si elles sont efficaces, pourraient ensuite être adoptées plus largement dans d'autres écoles. Cela permet d’enrichir l’ensemble du paysage éducatif. Aucune redondance : La liberté éducative ne fait pas double emploi avec l’école d'État, puisqu'elle fait apparaître des formes pédagogiques et des méthodes que la gestion étatique ne permet pas. Il y aurait redondance si les écoles de la société civile appliquaient les mêmes méthodes que celles des écoles d'État. Enfin, n’existe-t-il qu’une seule façon de réaliser l’idéal d’éducation à la liberté, à savoir via l’éducation nationale ? Le système d’éducation nationale dont l’idéal est très beau est pour ainsi dire « testé » depuis 150 ans, mais il ne fonctionne pas, ou plus. S’obstiner dans cette seule voie, c’est faire d’un idéal une idéologie. En résumé, la liberté éducative des Écoles de la Société Civile permet de diversifier les approches, de personnaliser l'éducation, et d’impliquer plus directement les parents et la communauté dans le projet éducatif. Il ne s'agit toutefois PAS de supprimer les écoles d'État, mais de créer une ouverture pour les Écoles de la Société Civile.
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Quid du passage d'une École de la Société Civile à une autre école ?Question complète : Comment gérer le changement d'école quand les programmes et les méthodes d'enseignement sont très différents d'un établissement à l'autre, rendant difficile la transition pour les élèves ? En effet, il n'y a pas toujours de correspondance entre les niveaux et les contenus d'enseignement d'une école à une autre. Voici quelques pistes de solution qui peuvent être mises en oeuvre pour minimiser les écarts et à aider les élèves à s'adapter à un nouveau cadre pédagogique sans trop de difficultés : Il s'agit avant tout de développer autant que possible l'autonomie et la capacité d'adaptation des élèves face aux changements pédagogiques. Il s'agit de la piste d'action la plus importante. Elle inclut le développement chez l'élève de compétences comme apprendre à apprendre, ainsi que la flexibilité face à différentes méthodes d'enseignement. La transition d’une école à l’autre peut se préparer par les parents avec le concours des enseignants. Une bonne communication entre la famille et l'école peut faciliter l'adaptation et identifier les besoins spécifiques de l'élève. Lorsque c’est possible, une coordination entre les deux établissements (celui d’origine et celui d’accueil) peut s’avérer utile. Les enseignants de part et d’autre pourront échanger sur les programmes et les méthodes pédagogiques pour faciliter l’intégration de l’élève. Dans certains cas, si l'élève arrive dans une école avec un programme très différent, un accompagnement spécifique (comme des cours de rattrapage, du tutorat ou du soutien personnalisé) pourrait être mis en place pour faciliter l’adaptation. Cela peut réduire les écarts entre les niveaux et les méthodes d'enseignement. Le cas échéant, avant le changement d'école, une évaluation des compétences et des connaissances de l'élève pour identifier les écarts potentiels avec le programme de la nouvelle école sera menée. Cette évaluation pourra aider à anticiper les difficultés et à mettre en place des mesures de soutien. Selon les possibilités et la volonté de l’école d’accueil, en fonction des besoins, une transition progressive pourra être envisagée. Par exemple, intégrer l'élève dans certains cours ou niveaux avant de l’intégrer pleinement dans le programme global de l’école, afin de lui permettre de s’habituer aux nouvelles attentes pédagogiques. Enfin, les établissements scolaires peuvent envisager d'être plus flexibles quant à la reconnaissance des compétences acquises dans d'autres systèmes ou types d'enseignement, afin de permettre une intégration plus fluide des élèves venant de programmes différents.
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Quid des dérives liberticides, du terrorisme, des sectes ?Question complète : Dans les Écoles de la Société Civile, qui sont libres et indépendantes de l'État, y a-t-il un risque que des organisations dangereuses, comme des groupes terroristes ou des sectes, prennent le contrôle de l'enseignement ? Ou encore que ces écoles poursuivent des objectifs contraires à ceux d'une éducation visant la liberté et l'épanouissement des élèves ? Dans quelle mesure dans ces écoles présumées libres, il n'y aura pas un interdit de l'altérité des convictions, ne seront pas interdits certains contenus de conscience ? On craint aussi que l'enfant ne puisse pas parler de tout, qu'il n'aie pas toute ouverture possible sur le monde. Les Écoles de la Société Civile se doivent d’être transparentes : certes elles s’engagent en autonomie sur leurs projets pédagogiques, leurs projets d’établissement, etc. mais ceux-ci doivent être rendus publics. Elles en sont responsables envers les parents, la communautés éducative et toute la société. Une école qui ne répondrait pas à ces attentes risquerait de perdre la confiance des parents, voire des enseignants, et verrait diminuer la fréquentation des élèves. Il existe de nombreux garde-fous au sein des Écoles de la Société Civile, telles que conçues et présentées par le Temps des Civiliens : Elles sont soumises à des audits réguliers par un institut d’audit indépendant (https://www.youtube.com/watch?v=BXoCZedZMR4&t=45s ) (indépendant de l’État aussi). L’audit est fondé sur un système de qualité (« vous dites ce que vous faites et nous voyons si vous faites ce que vous dites »). L’institut d’audit va vérifier régulièrement que les choses se font, notamment sur base du projet pédagogique et du projet d’établissement rendus publics. Si nécessaire, l’institut d’audit donnera un certain délai pour se mettre en conformité. Si l'école ne se met pas en conformité, alors intervient le conseil de coordination des écoles de la société civile, lequel rassemble les différentes écoles d’un territoire donné (différents courants pédagogiques, différentes tendances, etc.). Dans le pire des cas, ce conseil de coordination peut retirer l’accréditation (le label) « d’École de la Société Civile » à l’école « incriminée » ce qui signifie la fin de son financement en tant qu’École de la Société Civile. Le conseil de coordination est aussi saisi en cas de conflits. Il juge les plaintes et les litiges. Au sein de l’école, même s’ils ne sont pas nécessairement formalisés, existent un cercle des parents, un cercle des enseignants et un cercle des élèves. Au sein de chaque cercles, les personnes se parlent, elles interagissent, veillent et interpellent aussi si certaines dérives devaient apparaître (un élève qui interpelle ses parents du fait d’un comportement bizarre d’un enseignant ; ou encore les enseignants qui interpellent l’un des leurs…, etc.) (https://www.youtube.com/watch?v=n9QfkgPokic&t=1024 ). Les parents choisissent généralement les écoles libres en fonction des valeurs éducatives, du programme et de la réputation de l’établissement. Ils sont vigilants et veillent à ce que leurs enfants reçoivent une éducation en accord avec leurs propres valeurs, rendant plus difficile l’émergence d’idéologies extrémistes. Enfin, même si ces écoles sont indépendantes de l’État, elles sont soumises comme toutes les autres et tous les citoyens aux lois de l’État, lesquelles sanctionnent entre autres, le terrorisme, l’emprise mentale, la maltraitance, etc. La possibilité existe toujours de saisir le tribunal. Les lois et dispositifs judiciaires, minimisent eux aussi les risques de dérives extrêmes. Les Écoles de la Société Civile sont gérées par une diversité d’enseignants et de parents pour la plupart motivés par des projets éducatifs innovants et humanistes. Quel que soit le courant pédagogique, ces acteurs ont pour objectifs communs : offrir un enseignement de qualité visant l’intégration dans la société dans sa diversité, favoriser l’épanouissement des élèves et transmettre des valeurs de respect et de liberté, développer le sens critique. Ces objectifs sont incompatibles avec des projets d'endoctrinement, d'emprise sectaire, ou d’interdiction d’altérité des convictions. Surveillance de la société : Dans un monde interconnecté, les établissements scolaires ne sont pas isolés. Les parents, les médias, et parfois même d'autres organisations de la société civile surveillent activement ce qui se passe dans les écoles. Si une école déviait vers des enseignements extrémistes ou liberticides, il est probable que cela serait rapidement détecté et dénoncé. Un des principes mis en exergue par Jules Ferry pour l’école et sur lequel s’appuient les écoles de la société civile, est la liberté de conscience et de croyance. Or on enseigne toujours à partir d’une conception du monde. La neutralité dans l’enseignement est une impossibilité. Ce qui importe dès lors en tout premier lieu (voir ci-dessus) est la communication publique en toute transparence du projet pédagogique et d’établissement qui permet aux parents de faire un choix en connaissance de cause. En droit, la personne accusée est toujours présumée innocente. Or dans le domaine de l’éducation, le citoyen est souvent présumé comme étant déjà coupable s’il ouvre une école libre : cela sera peut-être une secte, un embrigadement dans certaines formes de pensées, etc. La conséquence de cette attitude à l’égard des initiatives citoyennes dans le domaine éducatif et scolaire est que les parents ne s’investissent pas dans l’école, car ils n’ont pas le droit d’y intervenir. Ils n’imaginent même plus pouvoir être porteurs d’initiatives et être créatifs dans ce domaine. Ces différents éléments montrent que les Écoles de la Société Civile, libres et autonomes par rapport à l’État, restent encadrées par des règles, des contrôles et une surveillance sociale tant interne qu’externe, qui rendent très improbable la prise de contrôle par des organisations dangereuses.
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Les écoles de confession religieuse, musulmanes, juives, chrétiennes, etc., peuvent-elles se voir délivrer le label « Écoles de la Société Civile » ?La peur de conceptions et de pratiques liberticides, en particulier celles qui pourraient émaner de certains courants au sein de certaines confessions religieuses, constitue probablement le plus grand obstacle pour empêcher l'évolution vers la liberté pédagogique. Laissons parler quelques faits. Prenons l’exemple des écoles musulmanes. Combien en existe-t-il en France ? Et sur ce nombre, combien « posent problème » ? Le cas échéant, de quels problèmes s’agit-il précisément dans chaque situation particulière ? o Il est connu, par exemple, que certaines écoles musulmanes qui ont bénéficié de fonds issus d’autres États dans le monde ont dû fermer leurs portes (bénéficier de fonds au-delà du budget qui est plafonné, serait déjà impossible dans le cas des écoles labellisées Écoles de la Société Civile – Voir la réponse à la question « Quid du principe d'égalité entre tous les enfants ? »). o Autre exemple : une école musulmane s’est vue retirer son contrat d’association avec l’État français, car son cours d’éthique musulmane reposerait sur une version des commentaires des « Quarante hadiths de l’imam An-Nawawi » qui comporte des appréciations contraires aux valeurs de la République, « notamment sur l’égalité entre les hommes et les femmes, l’application de la peine de mort en cas d’apostasie et la supériorité des lois divines sur toute autre considération ». En outre, cette école aurait refusé le contrôle de son fond documentaire ce qui aurait éventuellement permis d’établir que ces commentaires ne constituaient pas le support pédagogique utilisé par les élèves pour le cours d’éthique musulmane. Les Écoles de la Société Civile doivent obligatoirement respecter tous les droits civils (les libertés publiques) des États où elles se développent. En Occident, il s’agit par exemple de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la liberté religieuse, de la liberté d’association, de l’état de droit lui-même (lequel trouve se fonde sur les citoyens eux-mêmes et non pas sur une instance ou puissance extérieure au Pays), etc. Il ne saurait être question de maintenir le bénéfice du label d’Écoles de la Société Civile, à des établissements dont l’enseignement viserait ou aurait pour conséquence de démanteler à court ou long terme ces droits fondamentaux. Déterminer si une école particulière agit dans un sens qui contrevient au respect des libertés publiques, ne peut toutefois se faire qu’a posteriori, sur base de faits établis, et non a priori : soit par exemple sur base de l’examen de ses projets pédagogiques et d’établissement, soit sur base de l’observation de contenus d’enseignement, de pratiques, etc. Ainsi que déjà mentionné dans la réponse à la question « Quid des dérives liberticides, du terrorisme, des sectes ? » que nous conseillons vivement de (re)lire, en droit, tout citoyen est présumé innocent. La culpabilité éventuelle doit être montrée a posteriori et non a priori. Dans toute activité et prise d’initiative humaines (y compris celles de l’État !), il existe toujours un risque de dérive, ceci est inévitable. Dans un état de droit, le risque est assumé collectivement. Malheureusement, cette idée n’est guère comprise dans le domaine de l’éducation, où il est bien souvent considéré que créer des établissement d’enseignement à partir d’initiatives émanant de la société civile, est a priori (hautement) suspect, pour ne pas dire fort dangereux, surtout si ces initiatives proviennent de personnes qui ne partagent pas les mêmes convictions que… soi-même. Il découle de ces réflexions que les écoles de confessions religieuses musulmanes, juives, catholiques, protestantes, orthodoxes, bouddhistes, Freinet, Decroly, Waldorf-Steiner, démocratiques, etc. etc. peuvent a priori toutes se voir délivrer le label « Écoles de la Société Civile ». Il en est de même pour des écoles d’États qui voudraient précisément s’autonomiser totalement par rapport à la tutelle de l’État, pour peu que leurs équipes d’enseignants et les parents le veulent et que la Loi le permette. Certes, il demeure imaginable que l’institut d’audit indépendant qui vérifie si les écoles font effectivement ce qu’elles annoncent dans leurs projets pédagogiques et d’établissement (et qu’elle respectent aussi le cahier des charges des Écoles de la Société Civile), soit lui-même complaisant et sujet à caution au sujet de telle ou telle orientation philosophique, religieuse ou communauté… (ne serait-ce que pour des raisons financières, par exemple pour augmenter son nombre de « clients »). D’autant plus que les Écoles de la Société Civile peuvent choisir l’institut d’audit indépendant qui sera chargé de les auditer. C’est la raison pour laquelle le Conseil de coordinations des Écoles de la Société Civile se devra de confier à une espèce de « super » institut d’audit indépendant, la mission d’auditer les instituts d’audits des Écoles de la Société Civile eux-mêmes. Remarquons qu’au sein de l’éducation d’État, ni les inspecteurs, ni les services qui les organisent, ne font jamais l’objet d’inspections en bonnes et due forme par un tiers extérieur… Ceci ouvre bien grande la porte de leur instrumentalisation éventuelle par le pouvoir politique, par divers groupes militants plus ou moins fanatiques infiltrés dans l’appareil étatique, etc. voire la porte d’une ou l’autre forme d’arbitraire personnel de la part de certains inspecteurs.
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Quid du risque de fragmentation sociale, du communautarisme, de la ghettoïsation de certaines communautés culturelles ?Question complète : l'enseignement, libre, totalement libre, ne pourrait-il pas contribuer à l'apparition de tendances au séparatisme au sein de la nation, au développement du communautarisme, à la ghettoïsation de certaines communautés culturelles qui se séparent du reste de la population et de la société, rendant la vie en commun de plus en plus difficile, voire impossible ? Observons tout d’abord que le communautarisme se développe précisément actuellement dans un pays francophone où existe un très fort centralisme de l’enseignement. Ce communautarisme concerne justement des personnes issues de l’éducation nationale. Il y aurait bien des questions à se poser. Comment cela se fait-il ? Pour minimiser les risques de séparation et de ghettoïsation, il est crucial que les Écoles de la Société Civile collaborent et dialoguent entre elles, et s'engagent dans des initiatives de de cohésion sociale, quel que soit leur courant pédagogique, confessionnel, philosophique. Or nous avons vu dans les vidéos de présentation que les Écoles de la Société Civile sont toutes tenues de participer au conseil de coordination des écoles de la société civile, qui regroupe toutes les écoles d’un territoire donné. C’est ce conseil de coordination notamment qui étudie les rapports d’audit et leur délivre leur accréditation (https://www.youtube.com/watch?v=BXoCZedZMR4&t=190 ). Il observe aussi les besoins pédagogiques du territoire (https://www.youtube.com/watch?v=BXoCZedZMR4&t=579) et cherche les réponses appropriées, par exemple la création d’une nouvelle école, la mutualisation entre écoles ou usagers des écoles, etc. ce qui nécessite de se mettre au service non pas d’une communauté, mais de l’ensemble de la population sur un territoire donné. Remarque : une chercheuse canadienne, Stéphanie Tremblay, a porté son travail d'étude sur trois écoles à projet religieux ou spirituel de Montréal : une école juive, une école musulmane et une école Steiner. Bien que celles-ci semblent en apparence s’opposer aux valeurs et aux normes dominantes de la société environnante, en assurant la transmission d’une foi religieuse et/ou la consolidation d’une identité communautaire distincte, elles attestent d’autres dimensions de la modernité, dont une citoyenneté « pluraliste », une universalisation de leur conception du religieux et la poursuite de l’excellence sur le plan scolaire. Plutôt que de contribuer à la fragmentation sociale et à l’endoctrinement religieux tant redoutés par l’opinion publique, les écoles privées religieuses semblent plutôt participer à une réinvention de la religion sur de nouvelles bases, en tenant compte du contexte social. Lire sa recherche portant le titre "Religion, « communauté » et citoyenneté : le cas des écoles Steiner, musulmane et juive en contexte montréalais", ici :
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Financer les Écoles de la Société Civile, ne va-t-il pas conduire à disperser les ressources matérielles et financières pour l'éducation ?Question complète : Étant donné le manque de ressources matérielles pour l'éducation, est-il vraiment opportun, d'un point de vue économique, de financer à la fois les écoles d'État et les Écoles de la Société Civile, gérées par les enseignants et les parents ? Cela entraîne la multiplication des infrastructures et des moyens nécessaires. Est-ce que cette idée de pluralité et de liberté dans l'enseignement ne risque pas de nuire à l'éducation en dispersant encore davantage les ressources ? Si les écoles privées étaient gratuites, nous faisons le pari qu’il y aurait désaffection de nombreuses écoles d'État en faveur de ces écoles devenues gratuites (manifestant ainsi la volonté de la population). Donc, par un jeu de vase communiquant, on assisterait à un transfert de ressources financières (financement public) vers les écoles privées et non pas à une duplication des moyens de financement requis. Les Écoles de la Société Civile bénéficieraient elles aussi tout simplement du transfert de moyens financiers publics qui ne seraient plus utilisés au sein des écoles d'État, si des élèves se mettent à fréquenter les Écoles de la Société Civile plutôt que l'école d'État. Dans ces situations, il n'y aurait donc pas multiplication des moyens, mais transferts. Le fonctionnement des Écoles de la Société Civile est particulièrement souple : des sections d’Écoles de la Société Civile pourraient être créées dans les mêmes locaux que les écoles d’État. Cela pourrait aller jusqu’à l’ensemble de l’école. Dans ce dernier cas, il s’agit d’écoles gérées par l’État qui deviendraient à part entière des Écoles de la Société Civile, si telle était la volonté des enseignants et des parents qui la constituent. Bien des écoles privées sont actuellement déjà moins coûteuses, car la gestion qu'elles effectuent des moyens disponibles est plus économe que celle des écoles d’État. Il en sera de même pour les Écoles de la Société Civile gérées de manière autonome. Les Écoles de la Société Civile sont souvent mieux adaptées aux besoins spécifiques de leur communauté locale. Elles peuvent s'ajuster aux demandes culturelles, linguistiques ou pédagogiques d'une région, offrant une réponse plus flexible et moins coûteuse que l'adaptation d'un modèle unique pour tout le territoire national. Même dans un contexte de ressources limitées, les Écoles de la Société Civile contribuent à l'innovation, à une éducation plus personnalisée que les écoles d'État (éventuellement aussi à une meilleure répartition des élèves). Ces avantages rendent déjà le financement de ces écoles justifiable car bénéfique à long terme, qui plus est, sans forcément disperser les ressources. D'autant plus que les ressources sont simplement transférées selon les fréquentations d'écoles par les élèves.
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Peut-il y avoir de l'argent public pour les Écoles de la Société Civile ?Question complète : L'argent public est pour le public. Tandis que l'argent privé, c'est pour le privé. Ne devrait-il pas être hors de question de ponctionner dans l'argent public des moyens pour ceux et celles qui font le choix d'un enseignement privé et qui en outre sont souvent déjà ceux qui ont le plus de moyens tandis que des moyens manquent pour l’enseignement public ? Que ces personnes utilisent leur argent pour financer leur école ! Les Écoles de la Société Civile sont des organisations sans but lucratif. Elles sont "publiques", dans le sens où elles sont obligatoirement ouvertes à tous les élèves sans aucune exception, et gratuites. Elles n’entrent pas du tout dans la catégorie de ce qui est habituellement entendu par écoles dites « privées », c’est-à-dire dans le sens d’écoles qui ne seraient accessibles qu'aux élèves issus de familles disposant de moyens financiers suffisants. Les Écoles de la Société Civile, qui sont des écoles publiques ET de service public, défendent l’idée qu’il ne doit pas y avoir d’argent public pour les écoles privées. Elles sont opposées à la privatisation-marchandisation de l'école. C'est entre autres pour empêcher cette privatisation-marchandisation, alors que nous vivons un contexte de délabrement grandissant du système d'éducation nationale (il s'agit bien du délabrement du système en tant que tel; nous ne parlons pas des personnes), que le concept d'Écoles de la Société Civile doit être largement diffusé et connu.
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Quid du principe d'égalité entre tous les enfants ?Question complète : Avec les Écoles de la Société Civile, n'y aura-t-il pas une rupture du principe d'égalité, de l'ouverture de droits égaux pour tous les enfants ? Les Écoles de la Société Civile sont entièrement gratuites et offrent un accès égal à tous les élèves. Leur financement public se fait sur base du nombre d'élèves inscrits. Le budget de chaque école est plafonné et si ses recettes (d'origine diverses) dépassent ce plafond, les excédents repartent vers un fonds pour l'éducation qui répartit ces moyens selon les besoins non satisfaits d'autres écoles. Dès lors il ne peut y avoir d’école favorisée relativement à ses moyens selon les moyens de ses parents ou des apports d’autres contributeurs. Égalité ne signifie pas uniformité du service public. En différenciant l'enseignement, on fait naître une véritable égalité devant le droit à l'éducation.
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La liberté pédagogique au sein d'Écoles de la Société Civile, ne conduit-il pas tout droit à du pur consumérisme, les parents choisissant leur école comme lorsqu'ils font "leurs courses", sans prise en compte de l'intérêt général ?Question complète : des pédagogues universitaires expriment souvent leur inquiétude face à l'attitude de plus en plus consumériste des parents, qui choisissent les écoles et les modèles éducatifs comme on choisirait des produits au supermarché. Même si l’enseignement n’est pas une marchandise, ce choix ressemble à un comportement de consommation, sans une vision d'ensemble d'une organisation de l'éducation favorable à tous les enfants. N’est-ce pas seul l'État qui peut garantir une éducation qui profite à toute la société, qui répond à l'intérêt général, au-delà des intérêts individuels des parents ? Est-ce que la liberté d'éducation des Écoles de la Société Civile, gérée par les enseignants et les parents, ne risque pas d'accentuer l'égoïsme et l'égocentrisme des parents ? Tout d'abord, que veut dire « l’intérêt général » ? Cette expression n’est-elle pas singulièrement abstraite, sans lien avec le concret, la réalité vécue des êtres humains ? Tentons toutefois de donner suite à cette question : Au sujet de « l’intérêt général » de la société, remarquons que nous avons toutes les raisons de penser que celui-ci sera tout particulièrement rencontré au sein des Écoles de la Société Civile : Ces écoles ont la capacité de s’adapter plus rapidement aux besoins spécifiques des élèves et aux évolutions pédagogiques. Leur autonomie leur permet d’expérimenter de nouvelles méthodes d’enseignement et de répondre aux défis locaux de manière plus agile que les établissements d'État souvent contraints par des règlements rigides et soumis à l'inertie extrême d'un système éducatif centralisé. En raison de leur taille potentiellement plus réduite et de leur flexibilité organisationnelle, les Écoles de la Société Civile permettent une approche en principe plus personnalisée des élèves. Les parents et les membres de la communauté qui participent à la gestion des Écoles de la Société Civile ont souvent un engagement profond envers la réussite des élèves. Cette implication mène à une plus grande responsabilité et à des initiatives locales qui enrichissent l’expérience éducative, comme des programmes parascolaires, des activités culturelles ou des partenariats avec des entreprises locales. Les prises de décision seront bien davantage centrées sur les besoins des élèves et la recherche d'une meilleure qualité de l’éducation, plutôt que sur les tâches à réaliser pour répondre aux exigences administratives de l'État. La pluralité des Écoles de la Société Civile donne davantage de possibilités aux familles de choisir un modèle éducatif qui correspond à leurs valeurs et aux besoins de leurs enfants. Cette diversité peut enrichir tout le système éducatif en offrant différentes approches pédagogiques, et en répondant aux aspirations variées de la population scolaire. L’implication des parents et des enseignants dans la gestion de l’école peut servir de modèle de participation civique et d’engagement, bien loin d’un repli égocentrique sur les seuls intérêts personnels des uns et des autres. Ces écoles peuvent d’autant plus encourager les élèves à participer activement à la vie communautaire et à développer un sens de responsabilité sociale. Les Écoles de la Société Civile gérées par "la base", plutôt que "par le haut", sont censées favoriser une culture de collaboration entre enseignants, parents, et élèves. Cette approche mène à un climat scolaire plus positif et à une meilleure compréhension des besoins et des aspirations de chacun, à la base d’initiatives désintéressées. L’État serait-il une espèce de grand architecte de l’Univers, doté d’une sagesse et d’un droit d'origine divine ? En quoi et pourquoi serait-il le seul qui peut garantir une éducation qui profite à toute la société ? Où est la source d’inspiration de l’État ? Certes, celle-ci se trouve notamment auprès de pédagogues professionnels,… lesquels toutefois promeuvent toutes sortes de point de vue qui peuvent s’avérer… divergents entre eux. Il n’existe pas de point de vue unique relativement à l’éducation et à l’enseignement, y compris au sujet de ce qui est entendu par « intérêt général » ou « progrès de la société ».
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Dans les Écoles de la Société Civile, il y a-t-il encore des examens de fin d'études secondaires ? Ces examens auraient-ils encore une utilité à terme ?Pour répondre à cette question, posons-nous une autre question. Qu'est-ce qui fait que certaines écoles sont très bien « cotées » (Par exemple Polytechnique, HEC, etc.) ? C'est la qualité de l'enseignement et les qualités, capacités et compétences des personnes qui en sortent pour travailler dans le monde des entreprises et organisations. En fin de compte, ce qui détermine dans le système non étatique si des élèves, voire des écoles, sont recherchés par les employeurs, ce n'est pas le diplôme d'État mais la qualité de l'enseignement. En d’autres termes, là où la qualité de l’enseignement sera connue et reconnue, les examens de fin d’étude seront d’autant plus superflus. Aussi longtemps qu’ils demeureront nécessaires, au sein des Écoles de la Société Civile, leur forme sera plus souple qu’elle ne l’est en France par exemple, avec un baccalauréat anonyme et centralisé. Il existe en effet de multiples exemples où l’examen de fin d’études secondaires n’est pas centralisé mais organisé par l’école elle-même. En Suisse, l’examen de fin d’études secondaires est réalisé par plusieurs enseignants de l’établissement scolaire, se partageant différents rôles (examinateur, co-correcteur, etc.). En Allemagne, dans l’enseignement Waldorf, ce sont des professeurs de l’école qui font passer l’Abitur. En Belgique francophone il existe une épreuve certificative externe commune portant sur une partie des savoirs et compétences en histoire et en français, mais aucunement pour les autres matières. Les Écoles de la Société Civile, préciseront elles-mêmes dans leurs projets pédagogiques et d’établissements, les méthodes et formes qu’elles mettront en œuvre, le cas échéant, pour examiner les niveaux de connaissance des élèves.
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Quelles seront les formations requises pour pouvoir enseigner dans les Écoles de la Société Civile ?Cette question est secondaire par rapport à la question la plus fondamentale qui est celle de la liberté pédagogique. Dès lors que la liberté pédagogique sera devenue un fait réel, il reviendra aux Écoles de la Société Civile, qui seront autonomes, de déterminer elles-mêmes les formations qu’elles demandent aux enseignants qui souhaitent y enseigner. Ce qui est généralement actuellement demandé au sein d'écoles qui ont des pédagogies particulières c'est d'être formé à ces pédagogies spécifiques (par exemple pédagogie Montessori, Waldorf, etc.) sans avoir besoin d'une double formation (sauf si pour toutes sortes de raisons, l’État peut imposer ses propres formations ; ce qui n’est pas le but visé ici).
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Il y aura-t-il encore des inspections dans les Écoles de la Société Civile ? À terme, ces écoles ne seraient-elles peut-être plus « inspectées » ?Remarque : observons tout d'abord que les inspections posent toutes sortes de questions, pas seulement pour les écoles dites hors contrat (en France), mais aussi pour toutes les écoles, y compris les écoles relevant directement de l’État. La question primordiale est plutôt la suivante : par rapport à quoi veut-on voir si une école remplit bien ses missions ? Est-ce, par exemple, par rapport à un programme établi par l’État, ou par rapport à une équivalence de diplômes ? Est-ce plutôt par rapport à un projet pédagogique, à des contenus et des méthodes que l’école a choisi librement ? Quel que soit le ou les cas considérés, il importe toujours que les buts poursuivis soient annoncés publiquement et très clairement. Ensuite seulement se pose la question des « inspections » ou plutôt, dans le cas présent, des « audits ». Car les Écoles de la Société Civile ne sont en effet absolument pas comme « lâchées dans la nature » et dans une situation où « chacun fait ce qui lui plait ». Pour être reconnues en tant qu’Écoles de la Société Civile, elles doivent être labélisées École de la Société Civile. Pour ce faire, elles doivent à minima respecter la Charte et le cahier des charges des Écoles de la Société Civile {l’écriture de ce cahier des charges est un projet à venir}. Ensuite : Elles sont soumises à des audits réguliers par un institut d’audit indépendant (https://www.youtube.com/watch?v=BXoCZedZMR4&t=45s ) (indépendant de l’État aussi). L’audit est fondé sur un système de qualité (« vous dites ce que vous faites et nous voyons si vous faites ce que vous dites »). L’institut d’audit va vérifier régulièrement que les choses se font, notamment sur base du projet pédagogique et du projet d’établissement rendus publics. Si nécessaire, l’institut d’audit donnera un certain délai pour se mettre en conformité. Si l'école ne se met pas en conformité, alors intervient le conseil de coordination des écoles de la société civile, lequel rassemble les différentes écoles d’un territoire donné (différents courants pédagogiques, différentes tendances, etc.). Dans le pire des cas, ce conseil de coordination peut retirer l’accréditation (le label) « d’École de la Société Civile » à l’école « incriminée » ce qui signifie la fin de son financement en tant qu’École de la Société Civile. Le conseil de coordination est aussi saisi en cas de conflits. Il juge les plaintes et les litiges. Remarquons d’une façon générale que nombre de labels ne sont ni élaborés ni contrôlés par l’État. Par exemple, dans le domaine des produits alimentaires bio, on trouve toutes sortes d’organismes non étatiques qui conçoivent et délivrent des labels ou qui les certifient, par exemple « Nature & Progrès », « Demeter », « Ecocert ». Le label « AB », par contre, est propriété de l’État français, plus précisément du Ministère français de l’agriculture et de l’alimentation. Les Écoles de la Société Civile choisissent elles-mêmes l’institut d’audit indépendant qui sera chargé de les auditer.
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Ne serait-il pas pertinent que l'État permette la création d'Écoles de la Société Civile, c'est-à-dire des expériences civiliennes, dans certains établissements professionnels, dans des établissements d'enseignement supérieur, etc. ?Pourquoi pas en effet créer des Écoles de la Société Civile dans ce type d'établissement ? Toutefois, dans le but d’éviter la dispersion des forces et au contraire d’amorcer le processus de création de ces écoles et de les enraciner dans la pratique, il s'agit de se donner des buts prioritaires. Actuellement, nous donnons la priorité aux établissements scolaires qui vont de la maternelle à la terminale.
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L'école à domicile pourrait-elle être considérée comme École de la Société Civile ?Si on remonte à quelques décennies en arrière, il n'y avait pas de scolarisation obligatoire dans une école. On pouvait instruire l'enfant dans sa famille. Sous prétexte, notamment, de lutte contre les dérives sectaires, l'éducation à la maison se réduit de plus en plus et ceci est le fait de pouvoirs étatiques qui deviennent de plus en plus autoritaires, c'est-à-dire de pouvoirs qui dérivent, eux aussi, de plus en plus. Dans plusieurs pays occidentaux, la scolarisation est aujourd’hui obligatoire sauf dérogation, alors qu'il y a délitement croissant de l’enseignement d’État en tant que système éducatif. Certaines familles qui veulent éviter l’enseignement d’État choisissent l'enseignement à domicile car elles n'ont pas les moyens de se payer des écoles alternatives privées. Pourrait-on dès lors intégrer l'école à domicile au sein des Écoles de la Société Civile ? Remarquons tout d'abord que des questions d'économie d'échelle se posent. Le développement et le fonctionnement d’une École de la Société Civile implique, pour sa faisabilité, une certaine complexité de gestion ainsi que le regroupement d’un nombre minimum d’enfants, de parents, d’enseignants et de membres du personnel non enseignant. Nous pourrions imaginer que des parents scolarisant des enfants à domicile se regroupent pour créer une forme d’établissement scolaire de la Société Civile. Des solutions spécifiques sont à rechercher et trouver dans cette direction.
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Les Écoles de la Société Civile, devenues autonomes par rapport à l'État, seront-elles vraiment libérées de toutes sortes de jeux de pouvoir, notamment d’instances ou de personnalités qui veulent y imposer leur point de vue, etc. ?Développer des Écoles de la Société Civile, ce ne sera jamais créer le paradis sur terre, pas plus qu’au sein de n’importe quel autre type d’école. Toute type d’organisation, d’entreprise, d’institution ou de groupe, peut être soumis à l’arbitraire de certains membres, à l’hyper-inflation des ego, à des jeux de pouvoir, etc. Dans les Écoles de la Société Civile, qui ne seront plus comme « tenues en laisse » par une tutelle infantilisante, celle de l’État, la tentation sera peut-être d’autant plus grande, pour certaines personnes, de les mettre sous la domination d’autres pouvoirs, tout aussi infantilisants. D’un côté, il reviendra tout particulièrement à chaque membre de l’équipe des enseignants et à chaque personnalité responsable de telles écoles, de s’élever à une éthique profondément ancrée dans la compréhension et dans l’amour de la liberté de chaque être humain. Une telle éthique n’est jamais donnée ; chaque adulte se doit individuellement de lutter constamment pour comprendre ce dont il s’agit et pouvoir toujours davantage la manifester concrètement. D’un autre côté, tant à un niveau individuel que collectif, la maturité nécessaire pour organiser et gérer une école de manière réellement autonome s’acquiert progressivement et lentement. Ce n’est vraiment pas une mince affaire. Cette maturité ne peut toutefois guère se développer dans une école qui demeurerait sous la tutelle de l’État, ou de n’importe quel autre pouvoir extérieur (par exemple clérical, économique, etc.). Dans une certaine mesure, il faut oser « se jeter à l’eau » pour développer les compétences qui permettent d’organiser la vie d’écoles autonomes. Tout le monde ne le souhaite pas nécessairement ou n’est pas nécessairement déjà prêt à tenter une telle aventure. C’est la raison pour laquelle il doit demeurer possible, tant pour les enseignants que les parents, de faire le choix d’écoles administrées par l’État. Il ne saurait un seul instant être question de supprimer leur existence, ce qui serait tout aussi absurde que brutal, mais il est uniquement question ici de rendre possible la création d’Écoles de la Société Civile. Bien que probablement fortement utile, cela dépasserait très largement le cadre de la présente liste de questions-réponses, de mentionner des formes de travail en commun et d’organisation, qui permettent de limiter le risque de prises de pouvoir abusives au sein d’institutions et d’organisations. Relevons toutefois à ce stade un point : si les personnalités qui portent la responsabilité d’une École de la Société Civile, se donnent les moyens de partager et cultiver une vision réellement commune de cette école (les buts qu’elle poursuit, les conceptions éducatives et pédagogiques qui y sont mises en œuvre, son cadre général de fonctionnement, etc.) alors un grand pas en avant sera fait pour se prémunir de bien des conflits et jeux de pouvoir potentiels. Au contraire, la compréhension mutuelle et libre, constituera le meilleur fondement de l’action et des prises de décision, qu’elles soient collectives ou individuelles. Tout processus de maturation d’une vision partagée requiert beaucoup de temps et doit régulièrement être remis sur le métier.
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N'est-il pas tout à fait utopique d'envisager que des écoles soient gérées par les enseignants et par les parents ? Ne serait-ce que par le fait que les parents manquent cruellement de temps et qu’ils ne sont pas non plus formés pour une telle gestion !L'expression école « gérée par les enseignants et par les parents » peut prêter à confusion. En réalité, le processus de décision au sein des Écoles de la Société Civile et d’implication concrète des parents pourra varier considérablement d'une école à l'autre, selon les impulsions données initialement par les fondateurs et leurs continuateurs, ainsi que selon l’évolution des membres de la communauté scolaire (et de leurs initiatives). Le plus essentiel est surtout que les orientations pédagogiques et éducatives trouvent leur source non pas au sein de l'État mais au sein d’un groupe de « civiliens ». Ceux-ci sont en outre censés développer toujours davantage des capacités et des compétences pour mener à bien un projet d'école dans tous ses aspects, à commencer par concevoir ces orientations, évidemment. Dans telle ou telle école, certains parents voudront peut-être prendre en charge tel ou tel aspect de sa gestion opérationnelle, individuellement ou collectivement, selon leurs talents, affinités et disponibilités. Par exemple, la gestion d’une partie de la communication publique (site web, journées portes ouvertes…) ou de la communication interne (lettre de nouvelles au parents) ; ou encore, en tout ou partie, l’organisation de garderies, voire de collations destinées aux enfants… Dans d’autres cas encore, des parents pourraient vouloir participer à un groupe de réflexion portant sur la stratégie de développement de l’école (création de nouvelles implantations, décision ou non d’augmenter le nombre de classe par niveau, etc.). Il se peut aussi que l’implication et la participation des parents soit très limitée dans certaines écoles, pour toutes sortes de raisons. Remarquons par ailleurs que l’implication et la participation de personnes dans des domaines où elles sont insuffisamment capables ou disponibles, peut être source de graves difficultés. Il s’agira donc aussi de se donner les moyens qui permettent d’identifier et de mandater la ou les personnes les plus en mesure de gérer tel ou tel aspect de la vie de l’école (qu’il s’agisse de parents ou non), comme dans toute organisation, entreprise ou institution, et ensuite d’évaluer les résultats obtenus. L’organisation et la gestion d’une école demeurera toujours complexe et exigeante. C’est un organisme vivant qui doit pouvoir s’adapter continuellement, dans une certaine mesure, aux réalités mouvantes des êtres humains que le constituent : enseignants, personnel non-enseignant, parents et élèves. Il n'est guère possible que cette nécessaire agilité existe dans les écoles d’État. Bref, il n’existe pas de recettes toute faites dans les Écoles de la Société Civile pour ce qui concerne la part qu’y prendront les parents. Par contre la diversité des formes d’organisations et de processus décisionnels au sein de ces Écoles, ainsi que leurs réussites ou échecs relatifs, pourra faire l’objet de partages, par exemple au sein du conseil de coordination des écoles de la société civile, lequel rassemble les différentes écoles d’un territoire donné (différents courants pédagogiques, différentes tendances, etc.). Ces partages des bonnes (et moins bonnes) pratiques s’avéreront être de précieuses sources d’inspiration réciproques pour toutes les Écoles de la Société Civile.
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Quid du risque que soit enseigné le créationnisme et autres idées en décalage avec les connaissances actuelles ?Question complète : Aux États-Unis, certaines écoles enseignent des idées créationnistes qui vont à l’encontre de la science moderne. Cela soulève des inquiétudes : en permettant aux Écoles de la Société Civile d’être plus libres dans leur enseignement, est-ce qu’on ne risque pas de voir se répandre des idées qui ne sont pas basées sur la science et qui sont en décalage avec les connaissances actuelles ? Ne serait-il pas nécessaire d’avoir des règles pour éviter cela ? Et n’est-ce pas le rôle de l'État de garantir que l’enseignement reste fondé sur des bases scientifiques solides ? Sinon, comment peut-on s’assurer de la qualité de l’enseignement dans les Écoles de la Société Civile qui sont indépendantes et autonomes par rapport à l’État ? À nouveau, il s’agit que le programme pédagogique de l’école soit très clair et transparent (voir la question précédente). D'autre part, il y a-t-il vraiment beaucoup de parents à l'échelle de toute une école (voire d’élèves, dans les grandes classes) sous nos latitudes qui vont accepter en quoi que ce soit des idées créationnistes ou autres idées de ce type ?
D’une façon générale, la réponse aux questions et besoins éducatifs ne devrait jamais être la suivante : «parce que c’est l’État, cela va fonctionner». Non, pour chaque question ou problème particulier que posent l’enseignement et l’éducation, il s’agit de chercher la solution spécifique ad hoc (et non pas de nommer un Ministre…).
Il n’existe aucun argument qui puisse montrer qu’il n’est pas possible de trouver à chaque fois des réponses adéquates au sein même des Écoles de la Société Civile.
Dans le fond, le vrai problème, est celui de la paresse de la pensée !
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