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Travail, capital et retraites


Avec les conceptions traditionnelles des charges sociales, il sera toujours impossible de trouver une solution à la question des retraites. Aucune réforme ne pourra donner satisfaction. Car le nombre de retraités augmente et les progrès technologiques à venir feront baisser le nombre de cotisants. Augmenter l’âge de départ à la retraite se révèlera comme un leurre.
Il devient donc nécessaire d’aborder les charges sociales et les retraites d’une façon qui corresponde aux besoins des retraités, d’une part, à la vie économique, d’autre part. Ceci impliquera une conception entièrement différente du capital et de la répartition des bénéfices. Nous en avons déjà présenté certains aspects lors de la Rencontre Civilienne 8. Nous irons plus loin dans la présente Rencontre. Nous verrons que, dans une économie saine, un déficit des caisses de retraites est impossible. Si c’est le cas aujourd’hui, nous devons remettre en cause la conception habituelle de toutes les cotisations sociales.
Rencontre n°17
Rencontre n°17
Avec les conceptions traditionnelles des charges sociales, il sera toujours impossible de trouver une solution à la question des retraites. Aucune réforme ne pourra donner satisfaction. Car le nombre de retraités augmente et les progrès technologiques à venir feront baisser le nombre de cotisants. Augmenter l’âge de départ à la retraite se révèlera comme un leurre.
Il devient donc nécessaire d’aborder les charges sociales et les retraites d’une façon qui corresponde aux besoins des retraités, d’une part, à la vie économique, d’autre part. Ceci impliquera une conception entièrement différente du capital et de la répartition des bénéfices. Nous en avons déjà présenté certains aspects lors de la Rencontre Civilienne 8. Nous irons plus loin dans la présente Rencontre. Nous verrons que, dans une économie saine, un déficit des caisses de retraites est impossible. Si c’est le cas aujourd’hui, nous devons remettre en cause la conception habituelle de toutes les cotisations sociales.
Vendredi 17 juin 2022
Quelques points clés abordés lors de cette rencontre
Introduction
[00:00:25] Le thème de la 17e rencontre : travail, capital et retraites.
[00:01:24] Rappel des rencontres précédentes sur l'économie non marchande et le travail.
Le problème des retraites : Analyse
[00:03:35] Le problème des retraites : Recul de l'âge de départ (France/Allemagne) et les raisons invoquées.
[00:06:02] Analyse des données (Diapositives) : Évolution du ratio actifs/retraités et projections.
[00:09:21] Analyse du rapport du COR (Comité d'Orientation des Retraites) : Les dépenses de retraite en % du PIB.
[00:11:50] Conclusion du COR : Une trajectoire des dépenses de retraite « maîtrisée ».
[00:12:55] Impact du changement d'indexation (salaires vs. prix) sur le niveau de vie des retraités.
Vers un changement complet de perspective
[00:19:12] Remise en question de l'approche actuelle : Qui finance réellement les charges sociales ?
[00:24:29] Inversion de la perspective : Le financement provient du chiffre d'affaires des entreprises (par les clients), et non des « parts patronales/salariales ».
[00:31:01] Proposition alternative : Financer les charges sociales à partir des bénéfices des entreprises.
[00:32:14] Comparaison du déficit projeté des retraites et des bénéfices des entreprises (3 % à 6,4 %).
[00:36:00] Les actionnaires/le capital : Les « oubliés » du débat sur le financement des retraites.
[00:40:52] Changement complet de perspective : financer dorénavant salaires et cotisations sociales sur base de prélèvements sur les bénéfices et ne plus les comptabiliser parmi les charges
[00:44:20] Non pas diminuer, mais augmenter les moyens de l’économie marchande pour faire fonctionner les entreprises
Impossibilités et nécessités
[00:46:44] Conséquences réelles du recul de l'âge de la retraite (chômage, maladie professionnelle, invalidité).
[00:54:40] Nécessité d'une vision globale de l'économie (secteur marchand, non marchand, agriculture).
Les questions du public
[00:56:46] Rôle du législatif et besoin de nouvelles formes d'institutions civiles.
[01:12:17] La « Croix de l'économie » : Sortir le capital, le foncier, la monnaie et le travail de la sphère marchande.
[01:15:01] Une entreprise n’est pas faite pour être vendue. Elle est faite pour produire. Le capitalisme d’État ne change rien au problème de la marchandisation des entreprises.
[01:17:21] Nous avons besoin d’une vision GLOBALE des différentes branches de l’économie. Ce qui manque actuellement : LA CAPACITÉ À SAISIR la VISION D’ENSEMBLE.
Thèmes développés ci-dessous :
Introduction
Le problème des retraites : Analyse
Vers un changement complet de perspective
Impossibilités et nécessités
Les questions du public
Introduction
[00:00:25] Introduction : Thème de la 17e rencontre : travail, capital et retraites.
Thème de la formation : l'articulation entre le travail, le capital et les retraites. L'objectif est clairement de dépasser le simple cadre technique ou budgétaire de la réforme des retraites pour aborder la question sous un angle complètement nouveau.
[00:01:24] Rappel des rencontres précédentes sur l'économie non marchande et le travail.
Avant d'entrer dans l'analyse des chiffres du Comité d'Orientation des Retraites (COR), un rappel est fait pour situer ce débat dans la continuité des travaux menés par le Temps des Civiliens. Il est souligné que les rencontres précédentes ont notamment exploré les notions d'économie non marchande et la définition même du travail.
Ce rappel est fondamental : il ancre la discussion sur les retraites dans une vision plus globale de la contribution sociétale. En ayant déjà élargi le champ de la création de richesse au-delà de la seule sphère marchande (c’est-à-dire à l’économie non marchande), les participants peuvent aborder la question du financement des retraites avec une perspective qui valorise l'ensemble des activités humaines, et non uniquement celles soumises aux cotisations classiques. Cette mise en contexte sert à préparer l'audience à l'idée que le problème des retraites n'est pas tant un problème démographique qu'un problème de répartition de la valeur et de choix sociétaux.
Le problème des retraites : Analyse
[00:03:35] Le problème des retraites : Recul de l'âge de départ (France/Allemagne) et les raisons invoquées.
Cette partie introduit le cœur du débat en pointant la récurrence de la solution politique choisie en Europe, notamment en France et en Allemagne : le recul de l'âge de départ à la retraite. L'idée force est que cette mesure est toujours justifiée par un impératif budgétaire – la nécessité de combler un déficit futur des caisses – et par des arguments démographiques concernant l'allongement de l'espérance de vie et la baisse du ratio actifs/retraités.
Cependant, la discussion prend une tournure critique en suggérant que cette prétendue nécessité est en réalité le choix politique le plus commode. Au lieu de remettre en question la structure du financement des cotisations ou l'organisation de l'économie, les gouvernements préfèrent faire porter le poids de l'ajustement sur les travailleurs, en les obligeant à travailler plus longtemps. La question est ainsi posée : le problème des retraites est-il une fatalité démographique ou un problème de répartition de la richesse qui favorise le capital au détriment du travail ?
[00:06:02] Analyse des données (Diapositives) : Évolution du ratio actifs/retraités et projections.
Pour examiner l'argument démographique, la rencontre s'appuie sur une analyse chiffrée (via diapositives) montrant l'évolution et les projections du ratio actifs/retraités. Il est établi que ce ratio est effectivement en baisse : là où il y avait historiquement de nombreux cotisants pour un retraité, la proportion diminue.

Toutefois, cette analyse vise à dédramatiser la situation. Le constat de la baisse du ratio ne justifie pas en soi l'urgence d'une réforme, car il doit être mis en perspective avec la productivité et la richesse globale créée. Si la population active est plus productive, le même nombre d'actifs peut générer suffisamment de richesse pour financer plus de retraites. Cette section prépare ainsi le terrain pour la suite, qui montrera que le problème n'est pas la quantité de richesse produite, mais la manière dont cette richesse est répartie et utilisée pour financer les charges sociales.
[00:09:21] Analyse du rapport du COR (Comité d'Orientation des Retraites) : Les dépenses de retraite en % du PIB.
Le cœur de la contre-argumentation se trouve dans l'analyse détaillée du rapport du COR (Comité d'Orientation des Retraites), l'organisme officiel français chargé des projections. Le point central examiné ici est l'évolution des dépenses de retraite en pourcentage du Produit Intérieur Brut (PIB).
Michel Laloux révèle, en citant le COR lui-même, que ces dépenses ne sont pas en trajectoire explosive. Au contraire, les projections officielles (selon divers scénarios de croissance) indiquent que les dépenses de retraite par rapport au PIB devraient rester » maîtrisées » ou stables à l'horizon 2070. Ce constat démolit la justification première des réformes, qui repose sur une urgence budgétaire. En d'autres termes, si la part de la richesse nationale consacrée aux retraites ne croît pas démesurément, la pression pour reculer l'âge de départ est remise en cause, orientant le débat vers la question : si le problème n'est pas budgétaire, d'où vient-il ?

[00:11:50] Conclusion du COR : Une trajectoire des dépenses de retraite « maîtrisée »

Cette section s'appuie sur la lecture des projections officielles pour contredire le discours d'alarme sur les retraites. La conclusion tirée du rapport du COR (Comité d'Orientation des Retraites) est que, selon la majorité des scénarios économiques retenus, la part des dépenses de retraite dans le Produit Intérieur Brut (PIB) sera » maîtrisée » à long terme. C'est-à-dire qu'elle ne va pas exploser ou rendre le système insoutenable.
Cette donnée est cruciale : elle suggère que le débat sur le recul de l'âge de départ ne repose pas sur une nécessité budgétaire absolue. Si les dépenses sont contrôlées, la réforme est alors perçue non pas comme un ajustement technique, mais comme un choix politique visant à ajuster les recettes et les dépenses en faisant peser l'effort sur les travailleurs et les retraités, plutôt que d'explorer d'autres sources de financement.
[00:12:55] Impact du changement d'indexation (salaires versus prix) sur le niveau de vie des retraités
La discussion se penche ensuite sur la mécanique d'indexation des pensions et ses conséquences directes sur le niveau de vie des retraités. Historiquement, les pensions pouvaient être indexées sur les salaires, permettant aux retraités de bénéficier de la croissance générale du niveau de vie. Or, les réformes successives ont généralement basculé vers une indexation sur les prix (l'inflation).

Le passage à l'indexation sur les prix signifie que les pensions sont seulement protégées contre la perte de pouvoir d'achat, mais décrochent du niveau de vie moyen de la population active. À long terme, cette divergence crée un appauvrissement progressif mais sensible des retraités par rapport aux actifs, même si leur pouvoir d'achat nominal est maintenu. Ce choix d'indexation est ainsi analysé comme un mécanisme silencieux d'ajustement structurel du coût des retraites, au détriment de la solidarité intergénérationnelle en matière de niveau de vie.

Vers un changement complet de perspective
[00:19:12] Remise en question de l'approche actuelle : Qui finance réellement les charges sociales ?
Ce passage marque un tournant en remettant fondamentalement en question le modèle de financement. L'approche traditionnelle présente les cotisations sociales (retraites, santé, chômage) comme des « parts » patronales et des « parts » salariales. Cette présentation oppose symboliquement le salarié au patron et masque l'origine réelle des fonds. Or une observation phénoménologique montre au sujet des charges sociales, qu’en réalité il n’y a pas de part patronale ou salariale à proprement parler, cela ne correspond pas aux faits ; ce concept est un mythe. Qui est alors le véritable payeur ? D’où vient alors l’argent qui sert à payer l’ensemble des charges sociales, y compris les retraites ?
[00:24:29] Inversion de la perspective : le financement provient par les clients via le chiffre d'affaires des entreprises et non des « parts patronales/salariales »
La discussion déconstruit la présentation comptable et politique traditionnelle des cotisations sociales et invite à une inversion de perspective radicale.
En effet, la richesse servant à payer les charges sociales n'émane pas personnellement du « patron » ou du « salarié », mais est puisée dans le chiffre d'affaires de l'entreprise. Le véritable payeur des charges sociales est donc le client final qui achète le bien ou le service, autrement dit, l'ensemble de la société via sa consommation. Par ailleurs, l’argent dont l’entreprise dispose, elle l’obtient grâce au travail de tous les collaborateurs et pas seulement du patron, par exemple.
Selon cette analyse, l'ensemble de l'économie, via la consommation et la production, est donc le véritable financeur des mécanismes de solidarité sociale. Les retraités contribuent, eux aussi, au financement des charges sociales, ne serait-ce que du simple fait d’être clients dans des entreprises.
Ce constat est fondamental, car il ouvre la voie à une nouvelle logique de financement : puisque les mécanismes de solidarité sont collectivement supportés par l'activité économique globale, il est légitime de chercher à les financer à partir d'autres sources de richesse générée par l'entreprise que le seul facteur travail.
[00:31:01] Une conception nouvelle : financer les charges sociales à partir des bénéfices des entreprises
Ce passage présente la proposition la plus novatrice et la plus débattue de la rencontre : l'idée de déplacer le financement des charges sociales (et donc aussi des retraites) lequel est en définitive inclus dans le prix des produits (et donc dans le chiffre d’affaires), vers les bénéfices des entreprises. Les rencontres civiliennes portant sur le capital ont pu montrer que les bénéfices des entreprises appartiennent en réalité à « tout le monde » (https://www.civiliens.info/08 ).
Puisque charges sociales selon cette nouvelle conception sont financées par l'ensemble des consommateurs via le chiffre d'affaires, il serait plus plus efficace de les prélever directement sur les bénéfices qui, actuellement, sont largement orientés vers les actionnaires.
[00:32:14] Comparaison du déficit projeté des retraites et des bénéfices des entreprises (3 % à 6,4 %).
Une analyse chiffrée contribue à dégonfler l'urgence financière mise en avant par les partisans de la réforme des retraites. Michel Laloux et Stéphane Lejoly établissent une comparaison entre l'ampleur du déficit futur du système de retraite tel que projeté (lequel justifierait selon certains le recul de l'âge de départ) et le bénéfices des entreprises.

Le déficit projeté du système des retraites apparaît faible lorsqu'il est confronté aux bénéfices des entreprises. En France, le déficit des retraites projeté pour 2023, représente entre 3% et 6,4% du bénéfice des entreprises.
Cette mise en parallèle vise à démontrer que l'économie dispose largement des ressources nécessaires pour garantir les pensions sans exiger un effort supplémentaire des travailleurs. Le problème n'est donc pas un manque de richesse, mais un choix de distribution : il existe une source de financement massive — les bénéfices des entreprises — qui reste largement non sollicitée pour la solidarité sociale, tandis que la pression est constamment mise sur les salaires et la durée du travail.
[00:36:00] Les actionnaires des entreprises sont les « laissés pour compte » du débat sur le financement des retraites.
Le débat sur les retraites est tronqué. La discussion est traditionnellement polarisée sur l'ajustement des paramètres liés au travail (l'âge de départ, le taux de cotisation salariale/patronale, etc.), mais elle ignore systématiquement les bénéfices versés aux actionnaires qui sont comme les « grands oubliés » du financement de la protection sociale. Tandis que le travail est taxé pour financer les retraites, les flux de revenus du capital (dividendes, intérêts, rachats d'actions) circulent en grande partie en dehors de l'effort contributif de solidarité. Or, cette richesse est co-produite par le travail et l'activité économique générale (l'illustration ci-dessous (il s'agit d'un rappel, voir www.civiliens.info/08) montre quels sont les 7 facteurs qui concourrent aux résultats de l'entreprise).

En outre, en intégrant une partie des bénéfices des entreprises dans le financement de retraites, la part du bénéfice qui est consacrée à des opérations de spéculation, stériles et même appauvrissantes d’une point de vue économique, est diminuée.
[00:40:52] Autre changement complet de perspective : ne plus comptabiliser salaires et cotisations sociales parmi les charges (dans le compte de résultat) mais les comptabiliser dorénavant dans la répartition des bénéfices (au passif du bilan)
Concrètement, les « charges sociales » ne devraient pas être inclues parmi les charges des entreprises. Le fait de dire qu’un collaborateur d’une entreprise est une charge, est non seulement insultant, mais cela ne correspond pas à la réalité d’une entreprise, car par son activité, il co-produit les biens et services de l'entreprise. L’artisan, l’indépendant, se paient sur les bénéfices de l’entreprise. Ceci devrait être valable pour la rémunération de l’ensemble des collaborateurs. Ce qui n’empêche pas de mensualiser la part des bénéfices escomptés pendant l’exercice en cours (tout comme pour l’indépendant), puisque chacun doit pouvoir vivre chaque mois.
L’équation (ceci est un rappel) n’est plus bénéfice = produit – charges, en incluant dans les charges les salaires et les cotisations sociales. Dorénavant, salaires et cotisations sociales ne seraient plus comptabilisés parmi les charges, mais exclusivement financés par des prélèvements sur les bénéfices.
Inversement, ce qui est actuellement rémunération des actionnaires à partir des bénéfices, serait dorénavant comptabilisé dans les charges (quoique dans la vision civilienne, il n’y a plus d’actions à proprement parler, mais seulement des prêts pour le financement des entreprises, prêts qui donnent lieu à certaines charges (dans les mesures civiliennes il n’y aurait toutefois même plus de charges d’intérêts. Cfr. www.civiliens.info/07 )).
[00:44:20] Non pas diminuer, mais augmenter les moyens de l’économie marchande pour faire fonctionner les entreprises
Avec ce mode de financement, l’augmentation du nombre de retraités n’est pas un « problème » (ni d’ailleurs des augmentations du nombre de chômeurs, ou d’enfants à éduquer, etc.) car toutes ces personnes vont consommer et donc faire fonctionner les entreprises. À l’inverser, diminuer les retraites ou les faire trop peu augmenter, c’est « jouer contre son propre camp », c’est-à-dire ne pas favoriser, pour les retraités, la possibilité d’acheter des produits.
La résolution d’un certain nombre de problèmes économiques passe par une augmentation des moyens pour faire vivre l’économie non marchande, alors que tous les plans du FMI, et tous les plans enseignés dans l’économie néo-libérale visent à diminuer la part de l’économie non marchande.
Impossibilités et nécessités
[00:46:44] Conséquences réelles du recul de l'âge de la retraite (chômage, maladie professionnelle, invalidité).
Le report de l'âge légal ne se traduit pas mécaniquement par des années de cotisations supplémentaires pour tous les travailleurs. Au contraire, pour de nombreux actifs, notamment ceux exerçant des métiers pénibles ou manuels, le recul de l'âge mène à une sortie prématurée du marché du travail.
Les travailleurs les plus fragiles, ne pouvant physiquement ou professionnellement tenir jusqu'au nouvel âge légal, basculent alors dans le chômage (de longue durée), des dispositifs de pré-retraite déguisée, l'invalidité ou les maladies professionnelles. Ce faisant, le coût de la non-activité n'est pas supprimé, mais simplement transféré des caisses de retraite vers d'autres branches de la protection sociale (assurance chômage, assurance maladie/invalidité).
Qui paie aussi pour ces personnes précarisées ? Bien souvent, c’est aussi la solidarité familiale en lieu et place d’une solidarité qui pourrait être demandée aux actionnaires.
C’est se voiler la face et vivre dans l’illusion que de croire qu’en reculant l’âge de la retraite, les personnes âges vont tout simplement travailler plus longtemps. Le bénéfice financier affiché par une réforme des retraites est largement illusoire, car il est annulé par les coûts sociaux cachés, qui augmentent la précarité et la souffrance des seniors.
Ce qui pourrait toutefois aider : rendre le travail plus intéressant, les conditions de travail meilleures ou favoriser le passage d’emplois de l’économie marchande à l’économie non marchande (voire l’inverse).
[00:54:40] Nécessité d'une vision globale de l'économie (secteur marchand, non marchand, agriculture).
À ce stade de la rencontre, il se confirme que le problème du financement des retraites ne peut être résolu sans adopter une vision holistique de l'économie. Il s’agit de dépasser le seul cadre du secteur marchand (l'économie des entreprises et des cotisations classiques) pour intégrer d'autres composantes fondamentales de la production de richesse et du bien-être : le secteur non marchand (les services publics (www.civiliens.info/02), les associations, les soins) et l'agriculture.
Une réforme durable du financement des retraites doit donc puiser ses ressources dans la richesse globale, y compris celle générée indirectement par ces secteurs, afin d'assurer une couverture universelle et équitable.
Les questions du public
[00:56:46] Rôle du Législatif et émergence d'Institutions civiliennes
L'échange s'ouvre sur un constat d'impuissance et de frustration émanant du public : même si les analyses et les propositions alternatives, telles que le financement des retraites par les bénéfices, sont pertinentes, elles semblent incapables de franchir le seuil du politique et de se concrétiser en lois. Une question centrale est posée : comment passer de la réflexion à la mise en œuvre concrète lorsque les corps politiques traditionnels (le Législatif, le Parlement) sont soit indifférents, soit bloqués, soit prisonniers d'une seule logique économique ?
Michel et Stéphane rappellent que l'action politique ne peut plus être déléguée uniquement aux élus ou aux partis traditionnels. Pour transformer la société et mettre en œuvre des idées novatrices, il est nécessaire que les citoyens s'organisent en structures autonomes et expérimentales qui ne se contentent pas de revendiquer, mais qui proposent, conçoivent, et expérimentent concrètement de nouveaux modèles économiques et sociaux.
Ces institutions « civiliennes » doivent servir de laboratoire pour la société, créant des preuves de concept qui peuvent ensuite inspirer et essaimer.
Il faut cesser de croire que l’on peut tout régler par la législation, mais au contraire s’en tenir à des règles extrêmement générales et laisser bien davantage les règles et les accords se préciser au sein des entreprises, voire aussi entre producteurs, distributeurs et consommateurs, par exemple.
Un exemple possible de règle très générale inclue dans législation pourrait être que la tension salariale (c’est-à-dire l’écart entre la rémunération la plus faible et la plus grande dans une entreprise), ne peut pas dépasser un certaine proportion.
L'objectif du Droit à l’expérimentation sociétale (voir la rencontre www.civiliens.info/03) est d'ouvrir la possibilité de voies nouvelles et innovantes que le système législatif et bureaucratique actuel est incapable ou réticent à explorer. Ce droit permettra de dépasser l'attente passive d'une loi salvatrice en prouvant par l'exemple la viabilité de propositions nouvelles. Avec le droit à l’expérimentation sociétale, les citoyens ne demandent plus l'autorisation de changer tel ou tel aspect de la société, ils le changent eux-mêmes.
Ainsi l'imaginaire social et les pistes d'action peuvent se dégager de la tutelle exclusive de l'État.
[01:12:17] La « croix de l'économie » : Sortir le capital, le foncier, la monnaie et le travail de la sphère marchande.
À voir : www.civiliens.info/05

[01:15:01] Une entreprise n’est pas faite pour être vendue. Elle est faite pour produire. Le capitalisme d’État ne change rien au problème de la marchandisation des entreprises.
[01:17:21] Nous avons besoin d’une vision GLOBALE des différentes branches de l’économie. Ce qui manque actuellement : LA CAPACITÉ À SAISIR la VISION D’ENSEMBLE.
Sans vision d’ensemble, les alternatives s’avéreront dérisoires ou seront récupérées par l’État. Un des buts premiers du « Temps des Civiliens » est de de contribuer au développement d’une pensée capable de saisir une vision d’ensemble ainsi que diffuser une autre vision. D’où l’importance que le public, c’est-à-dire vous (!) diffuse activement ce travail !









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