Je n'ai pas vraiment saisi comment nous pourrons faire transiter le pouvoir de la démocratie politique actuelle progressivement vers le groupe des « civiliens » désireux de lui redonner le vrai visage qu'elle devrait avoir, c'est-à-dire une structure exclusivement juridique régissant des rapports de droits justes et équitables entre tous les « civiliens ».
Claude
La question de la transition depuis la situation actuelle vers des formes correspondant davantage à une vie sociale dans laquelle l'humain trouve sa place, cette question a constitué le cœur de la Rencontre Civilienne 3. Nous y avons parlé d'une nouvelle forme de droit à l'expérimentation, lequel, selon moi, fait partie, avec le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC), du minimum vital de la démocratie. À moins de croire encore au Grand Soir ou à l'Homme Providentiel, la transition ne se fera que par petites touches, à partir des initiatives développées par les Civiliens. De telles initiatives veulent fleurir un peu partout aujourd'hui. Mais elles rencontrent de nombreux obstacles liés à la pesanteur de nos systèmes dits démocratiques et au côté unilatéral de l'économie. Souvent, elles ne peuvent même pas voir le jour.
Avec un droit à l'expérimentation civilienne, les initiatives montreraient ce qu'elles contiennent en elles. Celles qui seraient jugées intéressantes et porteuses d'avenir seraient reprises par d'autres. Elles feraient école jusqu'au moment où, éventuellement, un groupe de civiliens déposerait un projet de référendum visant à donner les bases juridiques nécessaires à la généralisation de cette initiative.
Au fond, une véritable démocratie ne peut venir que de façon évolutive, à partir des projets et initiatives libres de chacun.
Les modalités de ce que pourrait être ce droit à l'expérimentation civilienne sont donc décrites dans la Rencontre Civilienne 3.
A mon avis cela commence par une réflexion approfondie sur de ce que sont les qualités respectives des trois fonctions sociales : - soin des facultés individuelles et des connaissances où le rapport humain soit pouvoir rester libre... cela par la pratique de rapports de consultations et de conseils mutuel. - satisfaction des besoins corporels par engagements contractuels autour de la productions et d'échange de marchandises toujours limités en durée, quantité et qualité. Ce a quoi devrait se limité ce qu'on appelle l'économie actuellement.
- domaine d'arbitrage sur ce qui peut concerner chaque humain de la même façon, indépendamment de sa position d'aptitudes ou de richesse donc par l'outil de la loi conçue comme s'appliquant "au cas où" quelqu'un de lésé y fait appel. Ce domaine de l'égalité (devant la loi) doit trouver ses limites afin de ne pas nuire "au génie de la nation", comme le formulait déjà au temps de la Révolution française un certain Wilhelm von Humboldt dans son essai sur "Les limites de l'efficacité de l'Etat" (http://www.triarticulation.fr/pdf/HumboldDF.pdf ) . Ce qu'a ensuite affiné R. Steiner en montrant que ce "génie" a pris désormais 2 visages (à distinguer l'un de l'autre) par l’émergence de l'économie moderne de division du travail ( https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/Articles/2006-01-012SpittaWvH.html ). Par une telle réflexion toujours plus partagée, le législateur, c'est à dire les représentants du peuple, arriverons à distinguer ce sur quoi il convient de légiférer protégeant l'individu et ce sur quoi ils sont seulement le jouets de lobby économiques ou de visées idéologiques cherchant à s'imposer à tous par eux. Le champ de l'exécutif se réduira alors considérablement, et même la justice gagnera probablement en considération. (PS: les minutages, c'est très bien. Quel travail ! Espérons que ça stimulera les échanges sur vos présentations)