

Rencontre 01
N'existe-t-il pas deux prisons dans lesquelles les civiliens sont cantonnés et qui rendent l'initiative difficile, voire impossible ?
Bonjour,
Je viens de visionner, en large différé, le premier entretien. Je vous remercie pour l'initiative et pour sa qualité. Une remarque me semble toutefois fondamentale à formuler (sous la réserve du fait que je n'ai pas visionné encore les deux entretiens suivants)
A aucun moment, bien qu'étant tout proche, les deux animateurs n'ont nommé les deux prisons dans lesquelles les civiliens, comme vous les appelez, sont cantonnés et qui rendent l'initiative difficile, voire impossible.
La première de ces prisons, c'est la Constitution actuelle. Le mot n'a été prononcé que deux fois, pour le droit à l'expérimentation, mais avez-vous conscience que la quasi-totalité des sujets abordés lors de la rencontre ne sont pas d'ordre législatif, mais constitutionnels ? Seule une autre constitution peut graver dans le marbre, par exemple, le RIC en toute matière. Or, je rejoins absolument Etienne Chouard sur ce point que justement, c'est à la société civile…
Comment faire transiter le pouvoir politique de l'Etat actuel aux civiliens ?
Je n'ai pas vraiment saisi comment nous pourrons faire transiter le pouvoir de la démocratie politique actuelle progressivement vers le groupe des « civiliens » désireux de lui redonner le vrai visage qu'elle devrait avoir, c'est-à-dire une structure exclusivement juridique régissant des rapports de droits justes et équitables entre tous les « civiliens ».
Claude
La question de la transition depuis la situation actuelle vers des formes correspondant davantage à une vie sociale dans laquelle l'humain trouve sa place, cette question a constitué le cœur de la Rencontre Civilienne 3. Nous y avons parlé d'une nouvelle forme de droit à l'expérimentation, lequel, selon moi, fait partie, avec le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC), du minimum vital de la démocratie. À moins de croire encore au Grand Soir ou à l'Homme Providentiel, la transition ne se fera que par petites touches, à partir des initiatives développées par les Civiliens. De telles initiatives veulent fleurir un peu partout aujourd'hui. Mais elles rencontrent de nombreux obstacles liés à la pesanteur de nos systèmes dits démocratiques et au côté unilatéral de l'économie. Souvent, elles ne peuvent même pas voir le jour.
Avec un droit à l'expérimentation civilienne, les initiatives montreraient ce qu'elles contiennent en elles. Celles qui seraient jugées intéressantes et porteuses d'avenir seraient reprises par d'autres. Elles feraient école jusqu'au moment où, éventuellement, un groupe de civiliens déposerait un projet de référendum visant à donner les bases juridiques nécessaires à la généralisation de cette initiative.
Au fond, une véritable démocratie ne peut venir que de façon évolutive, à partir des projets et initiatives libres de chacun.
Les modalités de ce que pourrait être ce droit à l'expérimentation civilienne sont donc décrites dans la Rencontre Civilienne 3.
Quid de la reproduction du pouvoir pyramidal au sein des associations?
Une question de Céline :
Comment éviter le « gangrenage des associations », cet-à-dire cette reproduction d’un #pouvoir pyramidal répondant à un besoin trop fort « d’égo » souvent « frustrés »… amenant une « concurrence » entre des organismes dit à but non lucratif... où des « rouleaux compresseurs » de l’Associatif, arrivent à rendre inaudible des petites structures dont le point de vue diverge… et donnant vie aux dictons « diviser pour mieux régner », ou « chacun pour soi et Dieu pour tous » (Dieu étant hélas remplacé par le Pouvoir Exécutif) ?
Les associations, tout comme les entreprises, font partie de ce que l'on peut appeler le Mezzo Social. Si l'on ne remet pas suffisamment en cause le pouvoir pyramidal agissant dans le Macro Social, il y a peu de chance qu'on le fasse aux autres niveaux. Ceci se voit dans la plupart des statuts des associations. Elles ont un président, un secrétaire, un trésorier. Or, en France, cette structure n'est nullement imposées par la loi 1901 qui laisse les membres entièrement libres quant à la structure et à l'organisation. C'est déjà agir dans un sens civilien que d'expérimenter, là où il y a une ouverture, des formes horizontales d'organisation au sein d'une association.
Mais il convient, en même temps, d'être réaliste et voir que la structure ne résout pas tous les problèmes. Quelqu'un qui veut le pouvoir cherchera à l'exercer, même au sein d'une organisation horizontale. En quelque sorte, il voudra recréer une pyramide invisible. Le problème se situe alors au niveau Micro Social, c'est-à-dire dans la personne elle-même et dans celles qui collaborent avec lui. J'ai toujours observé que ceux qui prennent le pouvoir peuvent le faire parce que ceux qui sont autour ne trouvent pas les moyens ou les forces pour les en empêcher.
La transformation de la société se joue sur trois plans - Macro, Mezzo et Micro !

À la rubrique Blog, je viens de poster un billet intitulé Société Civile et pouvoir exécutif. Sans prétendre faire le tour de la question, il apporte des éléments sur la façon dont je vois le rôle exécutif des acteurs civiliens et la profonde transformation qui en résulterait quant à ce que devrait être l'État.